- désorbiter
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• v. 1830 intr.; de dés- et orbite1 ♦ Didact. Faire sortir de son orbite. — Pronom. (1853) Sortir de son orbite. P. p. adj. Satellite désorbité. — Yeux désorbités. ⇒ exorbité.2 ♦ (1881) Fig. Faire sortir (qqn) de son milieu, de ses habitudes.⇒DÉSORBITER, verbe trans.A.— Faire sortir de son orbite.1. PHYS. [En parlant de l'orbite d'un corps céleste] Aérolithe désorbité (GRACQ, Beau tén., 1945, p. 144).2. [En parlant de l'orbite de l'œil] :• 1. Le match, mutuellement et librement consenti, met en présence deux adversaires dont chacun se fait, de gaîté de cœur, casser le nez, désorbiter l'œil ou défoncer les mandibules.COURTELINE, Boubouroche, Philosophie de Courteline, 1917, p. 120.— P. ext. Écarquiller les yeux de manière à les rendre saillants :• 2. ... et le Turc Mourad-Bey (...) maintenant gesticule au premier rang, gonfle ses narines, désorbite ses yeux, pousse les cris gutturaux d'un obscène et démesuré Caragouss.A. DAUDET, Immortel, 1888, p. 115.B.— Au fig. [P. réf. principalement à A 1] Faire sortir de son milieu habituel, de ses habitudes. Un secret à révéler qui achèvera peut-être de désorbiter une pensée déjà troublée? (BOURGET, Geôle, 1923, p. 67) :• 3. Et lui [Pascal], de son côté, nous ne le verrons pas seul. Derrière lui nous évoquerons ces Chrétiens innombrables, que la révolution religieuse du XVIe siècle a plus ou moins troublés et désorbités.BREMOND, Hist. littér. du sent. relig. en France, t. 4, 1920, p. 383.— Désorbiter qqn de qqc. (inanimé abstr.). En laissant croire à cet ignorant de l'amour que son œuvre seule le désorbitait de la vie normale (BLOY, Désesp., 1886, p. 306) :• 4. ... le chef est un meneur d'hommes. Mais il ne faut pas entendre cette formule comme d'un propriétaire jaloux de privilèges acquis; le chef est un éveilleur de pairs, il propage sa race, il y appelle et y éveille le plus humble exécutant sans le désorbiter de son rôle.MOUNIER, Traité du caractère, 1946, p. 464.Prononc. :[
]. Étymol. et Hist. 1830 intrans. (Fourier ds Lar. 19e); 1852 comme une planète désorbitée (BAUDELAIRE, E. Poe, sa vie et ses ouvrages, éd. La Boétie, p. 8); 1859 au fig. (DU CAMP, Hollande, p. 15). Dér. de orbite; préf. dé(s)-; dés. -er. Fréq. abs. littér. :4.
DÉR. Désorbitation, subst. fém. [En parlant d'un corps céleste] Action de sortir de son orbite; résultat de cette action. N'attendez pas de moi des récits de désorbitations de planètes (ARNOUX, Suite var., 1925, p. 117). Au fig. La désorbitation de la vie humaine entraînée par la conquête industrielle de l'univers (MARITAIN, Human. intégr., 1936, p. 258). Attesté ds ROB. Suppl. 1970 et Lar. Lang. fr. — []. — 1re attest. 1925 (ARNOUX, loc. cit.); du rad. de désorbiter, suff. -(a)tion. — Fréq. abs. littér. : 1.
BBG. — PAULI 1921, p. 74.désorbiter [dezɔʀbite] v. tr.ÉTYM. V. 1830, intr., Fourier; se désorbiter, 1853; de dés- (→ 1. Dé-), orbite, et suff. verbal.❖1 Faire sortir de son orbite. — Pron. Sortir de son orbite.1 (…) ils étaient là une vingtaine, peut-être davantage, pirouettant (…) sans se heurter jamais, sans se désorbiter de leur tourbillon (…)Th. Gautier, Constantinople, XI, « Les derviches tourneurs ».♦ Par métaphore. || Désorbiter la pensée.2 (1881). Faire sortir de son milieu, de ses habitudes.2 Tout ce qu'il pouvait était de donner le change à Leverdier, en laissant croire à cet ignorant de l'amour que son œuvre seule le désorbitait de la vie normale.Léon Bloy, le Désespéré, p. 230.——————désorbité, ée p. p. adj.♦ Rare. Satellite désorbité. — Cour. || Yeux désorbités.3 On se représente les acteurs, les témoins d'un drame avec des yeux désorbités, qui s'ouvrent plus grands parce qu'ils voient tout, dans leur affolement, à travers une sorte de nuage.Henri Fauconnier, Malaisie, p. 282.♦ Fig. Sorti de ses habitudes, qui ne sait plus ce qu'il fait, où il en est. ⇒ Désorienté, troublé; déboussolé (fam.).❖DÉR. Désorbitation.
Encyclopédie Universelle. 2012.